Dans son plus récent opus intitulé Une Bordée de Mer, Marc-André Desrosiers invite ses lecteurs à le suivre lors de son dernier voyage vers la rive sud de la Baie-des-Chaleurs. Cet endroit
Dans son plus récent opus intitulé *Une Bordée de Mer*, Marc-André Desrosiers invite ses lecteurs à le suivre lors de son dernier voyage vers la rive sud de la Baie-des-Chaleurs. Cet endroit enchanteur situé au Nouveau-Brunswick fait partie d’un pays aux frontières informelles, quoi que farouchement défendues par ses habitants. Il est bien sûr question ici de l’Acadie moderne, un des derniers bastions d’une culture francophone portée par sa population en déclin.
Chassée il y a 250 ans par la milice britannique, cette population a été littéralement dispersée à travers le Canada et les États-Unis jusqu’en Louisiane, où son appellation s’est modifiée pour devenir ce que nous connaissons aujourd’hui comme les Cajuns. Dans sa préface, l’auteur raconte : « Après une série d’échanges au cœur des métropoles japonaises qui m’ont à moitié rendu dysfonctionnel, je me suis retrouvé devant un besoin urgent de calme. J’avais absolument besoin d’une accalmie cérébrale, ou je risquais de sombrer dans l’épuisement. Parcourir l’Acadie m’a permis de reprendre contact avec l’humain, de reprendre mon souffle. Ce voyage m’a aussi fait réaliser à quel point j’étais devenu insensible dans la plupart de mes interactions sociales. J’étais devenu un être de rencontres professionnelles, qui étaient exclusivement pécuniaires et carriéristes. »
L’auteur nous expose comment les décors pittoresques de l’Acadie ainsi que le tempérament singulièrement accueillant de ses habitants lui ont donné l’espace dont il avait besoin pour se retrouver. Il explore paisiblement ses cafés et les lieux de rencontres de ses villages épars ; s’exposant à la fois à un spectacle de salon chez l’habitant, à voguer en mer avec les pêcheurs, ou comme plat de réconfort, à engloutir une traditionnelle poutine râpée. En contraste avec les péripéties éclatantes que l’auteur nous partage dans le livre qui le précède, *Une Bordée de Mer* reste désarmant par sa franchise, malgré son ton plus intime. Une bouffée d’air frais bien méritée après un long après-midi au bureau.